Vascularite cryoglobulinémique

Vascularite cryoglobulinémique

Une cryoglobulinémie est définie par la présence anormale dans le sang de protéines (appelées cryoglobulines) qui peuvent précipiter au froid. Il s’agit en fait d’anticorps très particuliers, réagissant à des températures inférieures à 37°C et qui ont une activité dirigée contre certains anticorps (auto-anticorps). Il s’agit donc d’une véritable maladie auto-immune. Ces anticorps particuliers vont entrainer un afflux de cellules inflammatoires dans la paroi des vaisseaux de petit calibre (artérioles, capillaires, veinules) et en réduire progressivement le calibre (vascularite). Ceci va ralentir la circulation sanguine dans les petits vaisseaux, provoquant un défaut d’irrigation des tissus, qui secondairement peuvent se nécroser. C’est l’ensemble de ce processus que l’on appelle vascularite cryoglobulinémique. Les cryoglobulines peuvent apparaitre au cours de très nombreuses maladies infectieuses, hématologiques, rhumatologiques, immunologiques ou inflammatoires. Mais c’est le plus fréquemment chez des patients infectés par le virus de l’hépatite C (VHC) que l’on retrouve ce type d’auto-anticorps particulier. En France métropolitaine, environ 230 000 personnes sont infectées par le VHC, dont la moitié environ produisent une cryoglobulinémie. Mais tous les individus ayant une cryoglobuline ne développent pas de vascularite. Les cryoglobulinémies se compliquent en effet seulement dans 5-10% des cas d’une vascularite des petits vaisseaux, touchant notamment la peau, les reins ou les nerfs.

La cryoglobulinémie de type I est habituellement associée aux maladies hématologiques telles que le myélome multiple, la maladie de Waldenström et certains lymphomes. Les cryoglobulinémies mixtes (de type II et III), de loin les plus fréquentes,  sont associées dans 70 à 90% des cas à une infection par le VHC. En l’absence de cause identifiée, on parle de cyoglobulinémie « essentielle ».

Les principaux symptômes de la vascularite cryoglobulinémique sont : (i) une fatigue intense et fluctuante ; (ii) des éruptions cutanées de taches rouges ou brunes sur les membres, en particulier les jambes (purpura) ; (iii) des douleurs articulaires des grosses articulations (poignets, genoux, chevilles…) ; (iv) une neuropathie périphérique, responsable de douleurs et/ou de troubles de la sensibilité dans les pieds et/ou les mains ; (v) une insuffisance rénale liée à une glomérulonéphrite se manifestant par des œdèmes des membres inférieurs ou une hypertension artérielle ; (vi) les autres atteintes beaucoup sont plus rares, neurologiques centrales, cardiaques, pulmonaires…

La moitié des patients présentent une rechute de leur vascularite. Les patients ont un sur-risque de développer un lymphome. Tous les patients doivent avoir un suivi à long terme.

Le diagnostic repose sur la présentation clinique et les résultats des examens de laboratoire. La détection dans le sang et l’identification précise du type de cryoglobuline produite associée à la présence d’un purpura caractérise la maladie. En l’absence de purpura (ce qui est rare), la présence d’une des manifestations cliniques de la vascularite associée à la positivité de la cryoglobuline suffisent au diagnostic.

Afin de rechercher une cause sous-jacente à la vascularite cryoglobulinémique, d’autres examens peuvent être nécessaire, comme la sérologie de l’hépatite C. En cas de manifestations particulières, les examens sont orientés afin de faire un bilan complet de l’atteinte (examen rénal, examen neurologique, endoscopie digestive, échographie cardiaque, scanner thoracique et abdominal).

Le traitement dépend du type de cryoglobulinémie (donc de sa cause), ainsi que de la sévérité de la maladie. En cas d’infection par le VHC, un traitement anti-viral optimal est préconisé, seul ou en association aux traitements immunosuppresseurs.  Dans les formes non liées au VHC, des corticoïdes et parfois des immunosuppresseurs sont nécessaires.


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    Le 11/11/2018
    Une méta-analyse sur les manifestations extra hépatiques dans l’infection par le VHC a été pubiée

    Une méta-analyse publiée par le servicedans la revue « Gut » démontre que l’obtention d’une réponse virologique soutenue sous traitement dans l’hépatite C permet de réduire les manifestations extra-hépatiques associées au VHC (Cryoglobulinémie, Lymphoprolifération B, insulino résistance) Lire l’article 
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